LE JUDAÏSME ET L'ANTISÉMITISME
"Ceux qui ne nous aiment pas
ne nous connaissent pas!
Que les klezmorim soient nos ambassadeurs!"
(Ruth Fayon)
Je ne suis pas rabbin ni historien mais, ayant été confronté personnellement à l'antisémitisme, je me suis forgé une petite explication historique que je partage volontiers avec vous...
Pour comprendre l'antisémitisme contemporain, il est nécessaire de remonter aux temps bibliques. En effet, lors de l'invasion de la Judée par les Romains en l'an 70 et malgré quelques épisodes sublimes de résistance (comme à Massada), une grande partie des juifs furent tués et ceux qui survécurent n'eurent pas d'autre choix que l'exil.
Au cours de leurs pérégrinations, certains s'installèrent en Espagne où ils purent vivre en bonne harmonie avec les autres habitants (chrétiens et musulmans) jusqu'à leur bannissement par Ferdinand de Castille et Isabelle la Catholique en 1492. Les juifs "séfarades", émigrèrent alors vers la Turquie, l'Italie, la Grèce, l'Afrique du Nord ou la Hollande. Ils y emportèrent leur langue, le ladino, proche de l'espagnol moyenâgeux.
Les juifs qui s'étaient fixés en Europe centrale (il y en avait déjà à Cologne en l'an 321) purent y prospérer paisiblement jusqu'au onzième siècle. Mais l'appel du pape Urbain II à la première croisade en 1095 allait engendrer dans toute l'Europe chrétienne une vague de fanatisme, non seulement contre les musulmans, occupants des lieux saints de Jérusalem, mais aussi contre les juifs qui furent massacrés par dizaines de milliers. Les survivants virent leurs écoles et leurs synagogues détruites et leurs maisons pillées. Les sept croisades suivantes aboutirent aux mêmes exactions.
Lors du quatrième concile du Latran en 1215, le pape Innocent III ordonna la ségrégation les juifs dans des "ghettos" (ce terme désignait le quartier juif de Venise) et les contraignit à porter un rond de tissu jaune ou un chapeau pointu comme signe distinctif, précurseurs de la fameuse "étoile juive". De nombreuses professions leur furent alors interdites. Il ne leur restait plus qu'à être fripiers ou... prêteurs sur gage.
Vers 1350, lorsque la peste sévissait en Europe, on accusa les juifs (bien que victimes eux aussi!) d'empoisonner les puits pour décimer la chrétienté, de profaner les hosties et de tuer des enfants chrétiens! Encore une fois, ils furent mis à mort par milliers. Ces évènements déclenchèrent une vague d'émigration des juifs d'Europe centrale vers l'est. Ils furent bien accueillis en Pologne et dans les contrées voisines où ils apportaient des richesses et des compétences. Commerçants, artisans, industriels, agriculteurs ou fonctionnaires, ils y formèrent -entre les paysans et les nobles- une "classe moyenne" et y connurent jusqu'au seizième siècle une prospérité qui leur permit de développer une vie spirituelle et culturelle intense. Mais leur réussite suscita des jalousies. Eux-mêmes pressurés d'impôts, ils furent volontiers désignés comme percepteurs, ce qui ne contribua pas à les faire apprécier...
Lors de la révolte des cosaques en 1648, les juifs morts se comptèrent à nouveau par centaines de milliers. Les survivants, dépouillés et réduits à la mendicité furent contraints d'errer à la recherche d'un nouveau "shtetl" où s'établir. Au début du 19ème siècle, plus de 5 millions de juifs vivaient en Russie, le plus souvent dans une situation misérable, soumis à des "lois d'exception" qui restreignaient leurs droits et victimes de "pogroms". Beaucoup émigrèrent alors en Amérique. D'autres, comme Trotski, contribuèrent à la Révolution Russe de 1917, jusqu'aux "purges" des années 50 qui réduisirent à nouveau les juifs à l'état de classe inférieure.
En France, l'affaire Dreyfus révéla et aviva en 1894 les idées antisémites assez répandues dans tous les milieux sociaux.
En Allemagne, l'accession au pouvoir d'Adolf Hitler en 1933 lui permit de mettre rapidement en pratique ses idées racistes et antisémites publiées auparavant dans "Mein Kampf". L'annexion de l'Autriche et l'invasion de la Pologne en 1939, supposées accroître l' "espace vital" de la race aryenne supérieure augmentèrent paradoxalement d'une manière massive le nombre de juifs dans les territoire sous contrôle allemand. Dès 1940, ils furent reclus de force dans des ghettos, avant d'être déportés dans des camps dits "de travail" ou "de concentration" où le but était simplement leur extermination. L'Holocauste (ou Shoah) fit six millions de victimes, juifs pour la plupart, mais aussi tsiganes, homosexuels, malades mentaux, etc.
La création de l'Etat d'Israël en 1948 donna aux juifs la possibilité de retourner sur la terre de leurs ancêtres et d'y trouver enfin la sécurité. Mais les guerres d'indépendance, des six jours et du Kippour ainsi que le conflit territorial israélo-palestinien montrent qu'il reste encore un long chemin à parcourir avant la paix...
Quant à l'Eglise Catholique, il fallut attendre le Concile Vatican II en 1965 et l'Encyclique "Nostra Aetate" pour que son discours antisémite évolue…
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BIBLIOGRAPHIE SUR LE JUDAÏSME ET L'ANTISÉMITISME
La liste ci-dessous, établie par Judith Markish z'l,comporte les ouvrages essentiels à la connaissance du judaïsme. On peut les trouver en prêt à la Bibliothèque Juive de Genève (seule bibliothèque publique spécialisée en Suisse romande et en France voisine), 21 Avenue Dumas, Genève: tel 022.317.89.70, https://www.comisra.ch/service/bibliotheque/. Elle possède aussi de nombreux documents sur la musique juive et une collection d'env. 200 CD.
... ouvrages généraux...
...sur notre histoire...
…sur l'antisémitisme…
…sur nos traditions, nos fêtes…
…sur les arts et la cuisine…
…sur l'hébreu et le ladino…
…sur les lieux d'origine de la musique klezmer…
…et quelques liens…